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Critiques et autres broutilles
10 décembre 2009

Loup de Nicolas Vanier

Un loup pour l’homme

 

 

Alors que le documentaire animalier redevient à la mode, depuis l’âge d’or des films Disney, grâce à Yann Artus Bertrand, Nicolas Vanier apporte également sa « patte » avec Loup, son second long métrage après Le Dernier trappeur. Son amour de la Sibérie lui fait quitter la grande aventure du Canada, quelques mois seulement après la sortie de son premier film. Il passe alors un an aux côtés des Evènes, un peuple nomade éleveur de rennes de génération en génération. On pourrait donc s’attendre, jusqu’ici, au classique « film de Noël », un brin écologiste et à la morale tambourineuse du si facile « vois comme le retour à la nature vaut mieux que ta ville polluée et infestée de téléphones portables et d’ordinateurs ». C’est ce qu’on pouvait du moins reprocher au Dernier trappeur et sa leçon de vie indigeste sur les choses simples de la vie. Surtout lorsqu’elles se passent à des milliers de kilomètres de chez nous…

 

Loup est un tournant dans la petite filmographie de Nicolas Vanier. Mais un tournant silencieux, inavoué, en creux de son cinéma et de ce qu’il entend y faire passer. Car d’emblée, la démarche du reporter /cinéaste qu’il est, est une démarche biaisée, bancale. Nicolas Vanier, on lui accorde, est un grand explorateur. Un des derniers peut-être même. Au même titre que son trappeur solitaire qui arpente les immensités enneigées du grand Nord, il continue de parcourir les steppes sauvages, à la recherche de peuplades et de cultures ancestrales mais pour nous toujours nouvelles. Seulement voilà, Nicolas Vanier, en plus d’être un « conteur » au sens où il nous raconte ses aventures (on peut se procurer ses romans), est également cinéaste. Un peu à la façon Connaissance du monde ? Pas vraiment, non. Or c’est bien là tout l’intérêt mais aussi toute la difficulté de son cinéma docu-fiction.

 

Nicolas Vanier vit ses histoires. Il passe plusieurs mois avec son trappeur puis un an avec les éleveurs de rennes. Il observe, reçoit et expérimente des mœurs et des modes de vie dans des conditions extrêmes. Mais lorsque son œil devient celui du cinéaste il semble mettre de côté tout l’aspect documentaire pour plonger dans la fiction, dans la lignée d’un Jack London qu’il lit depuis tout petit. Avec Loup, Nicolas Vanier contredit en réalité son propre propos. Plus proche du Croc Blanc de Kubrick que de son propre film Le Dernier trappeur, le cinéaste livre l’histoire d’un garçon qui va défier les lois ancestrales de son clan en refusant de chasser la meute de loups sur son territoire d’éleveur de rennes. La fabuleuse amitié que le film décrit entre ce jeune garçon et les loups qu’il apprivoise petit à petit se généralise alors auprès d’autres membres du clan, dont son père, chef du village nomade. Dans une magnifique séquence ou ce dernier accepte sans véritablement comprendre les actes criminels de son fils fautif, il décide de fermer les yeux sur cette folle histoire d’amour contre nature.

 

Le film, s’il s’était arrêté là, aurait été un petit bijou de retenue et de subtilité alors même qu’il s’annonçait film grand spectacle au discours facile. Mais Nicolas Vanier rétablit son propre tir et ancre son épopée rebelle dans une norme décevante : une voix off nous rappelle en fin de parcours que le loup n’est pas l’ami de l’homme et qu’il ne peut donc cohabiter avec lui. Rétablissement de la chaîne naturelle, porte ouverte à la chasse aux loups ? Une scène sauve cependant le film de l’enlisement « écolo pour les nuls ». La question de la déforestation est évoquée, le temps d’un cours dialogue entre deux éleveurs : « Bientôt, il n’y aura plus rien » affirme, soucieux, l’un d’entre eux. L’homme, un nouveau loup ?

 

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Commentaires
Z
ce n'est pas une voix off mais Nastazia je crois, qui précise que le loup n'est pas l'ami de l'homme mais elle ne dit pas pour autant qu'il faut les détruire: il faut arriver à comprendre qu'il faut vivre avec eux, comme depuis toujours, sans pour autant espérer les apprivoiser: "il y a les chiens pour cela"; vouloir supprimer son ennemi, c'est un truc d'humain, et suicidaire, il vaut mieux apprendre à vivre avec, ou à côté.
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