Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Critiques et autres broutilles
22 mai 2010

Tournée de Mathieu Amalric

Mathieu Amalric sous les projecteurs

Après la frayeur de voir s'envoler palmiers, croisette et tapis rouge, le 63ème Festival de Cannes s'est ouvert sans encombres (bien que sous la pluie) et offre déjà le meilleur de lui-même. Ce sera sans Russel Crowe dont on a boudé le Robin des Bois, persuadé que les inconditionnels de Ridley Scott se sont déjà précipités dans les salles dès sa sortie, le 12 mai, alors même qu'il faisait l'ouverture du festival.

Le premier film de la compétition est un film français et séduit d'emblée la salle comble du Grand Palais. Mathieu Amalric, acteur fétiche d'Arnaud Desplechin (Un conte de Noël) et star du Festival de Cannes 2008 pour sa performance du Scaphandre et le papillon, nous revient avec Tournée dont il est à la fois l'acteur principal et le réalisateur. Producteur de télévision parisien à succès, le film s'ouvre alors que Joachim, alias Amalric, revient des Etats-Unis pour qui il avait jadis tout plaqué : le boulot, la famille, les amours, les amis... Dénicheur de talent désabusé et écœuré de la montée en puissance du business plutôt que du show, Joachim galère entre deux spectacles cabarets dans lesquels s'exhibent des américaines rondes et à la poitrine généreuse, plus toutes jeunes mais totalement déjantées, dans un show plus burlesque que sexy. Ce concept à la fois nouveau et vieillot, volontairement moche et diablement libéré, ne séduit pas le public parisien et fait perdre à Joachim sont théâtre.

Commence alors la véritable tournée du film, celle, diurne, de ce producteur abandonné de ses pairs, et autrefois amis, pour ne pas avoir voulu sacrifier ses idéaux et son amour du spectacle au profit du fric. Alors que la nuit n'est que fête, paillette, champagne et paires de seins à gogo, les journées de Joachim sont mornes, grises et silencieuse, lui qui ne supporte plus la musique une fois sorti du show. Cette amusante obsession du personnage dévoile en réalité le vrai burlesque, cette fois-ci, de notre société : musiques d'ascenseurs, d'hôtels, de stations service et de postes de télévision... autant de parasites dans la tête du pauvre Joachim qui supplie à chaque fois le gérant des lieux de baisser le son mais se retrouve toujours face à un refus catégorique : la musique tourne en boucle, personne ne peut l'arrêter. Un peu comme cette tournée qui s'éternise dans les capitales de France mais qui semble ne jamais pouvoir atteindre sa véritable destination : Paris, lieu de tous les fantasmes glamours de ces show girls en ébullition, quand elle est pour Joachim le lieu de tous ses échecs : son divorce, sa ruine, son incapacité d'être un père pour ses deux fils.

Pour l'ouverture de cette 63ème compétition, Mathieu Amalric a mis dans le mille : un film sans prétentions mais prometteur et qui ne déçoit aucune attente, émouvant sans pourtant se prendre au sérieux et profondément d'actualité, alors même que sortis de salle, les spectateurs se replongent dans le flux incessant des films du festival. Show must go on...

 

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Hello le blog.<br /> Très top article comme toujours. Continuez encore c'est un plaisir de vous lire.<br /> A très bientot et une grande année 2011 !
Publicité