Les LIP, l'imagination au pouvoir de Christian Rouaud
La force des faibles
La raison du plus faible est toujours la meilleure. Voilà ce que cherche à démontrer Christian Rouaud à travers les récits entrecroisés des hommes et des femmes qui menèrent la grève ouvrière la plus emblématique de l'après 68, celle des usines LIP à Besançon. Diminution progressive de la cadence, arrêt définitif des machines, manifestations, prise en otage des dirigeants de l'usine (!), appropriation des stocks de montres, remise en place de la chaîne ouvrière, vente, paye sauvage... Tandis que monsieur le curé planque le salaire des ouvriers dans les aubes des enfants de coeur et que les pélerins s'en revenant de Lourdes arrêtent leur car pour visiter les lieux, les femmes s'émancipent dans les débats et les syndicats sont bien vite dépassés. Plus qu'une grève parmi tant d'autres, les LIP démontrèrent la force des faibles et prouvèrent qu'il était possible à la fois d'organiser une lutte sans violence et d'instaurer une gestion démocratique au sein même d'un microcosme. Le second volet est à venir, on l'attend avec la même conviction.